Hiva Oa

« Je vis sur une île perdue. Belle à crever mais rude, austère. Fière. » (1) écrivait Jacques Brel à un ami en janvier 1977. Plus de quarante ans après, on serait tenté de confirmer que Hiva Oa est toujours aussi belle, mais belle à vivre.

Dans l’archipel des Marquises, elle est la plus grande des îles du sud et, selon la légende de la Terre des Hommes (“Enua Enata”), la poutre maîtresse de la grande maison constituée par ces rochers aux « prénoms affolés » (2), intonations qui rythment les haka, indissociables de l’accueil marquisien. « … Ils aiment chanter, et ont aussi le goût inné de la fête et de la convivialité. » (3)

Protégée par les monts Temetui (environ 1 200 mètres) et Feani, sertie au creux de la baie des Traîtres, annoncée par l’îlot Hanakéé, Atuona, principal village de l’île lui valant le statut de capitale, symbolise l’harmonieux compromis entre ouverture à la modernité et salutaire isolement dû à l’insularité.

« Il n’y a rien ! Sinon des gens souriants, discrets, qui n’ont pas le sens du temps. Cela est tout. L’île d’Hiva Oa (“L’étirée en longueur”) fait 40 kilomètres de large, sur 20 kilomètres de haut. Cela paraît immense car il n’y a pas de routes, mais de rudimentaires pistes cavalières. Pour aller d’Atuona à Puamau, de l’autre côté de l’île, il faut un à deux jours de cheval. C’est éreintant. On y construit une route. Il va falloir des années, car les montagnes sont abruptes, la terre glissante, la végétation dense. » (3)

Pourtant, depuis les temps Bréliens où le hameau ne comptait qu’un seul magasin, « le Chinois, où Gauguin allait également faire ses emplettes » (3), routes et pistes se sont ouvertes rendant accessibles les promesses de découvertes et d’aventure de l’île.

• (1) "Grand Jacques, une vie" par Olivier Todd
• (2) "Les Marquises" de Jacques Brel
• (3) "Jacques Brel J’attends la nuit" par Paul-Robert Thomas